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156 GTA :
l'héritière d'une légende...



I. Présentation Générale
II. Technique

III. Documentation

Brochures, Revues, Dossiers de presse, Livres

Photos, Vos 156GTA

IV. Compétition
VI. Liens


 

Certains documents sont accessibles en version PDF et sont indiqués par le symbole pdf


I. 1. La 156 : sous le signe du renouveau:


    La 156 GTA est, comme son nom l’indique, une variante du modèle Alfa Romeo 156. Il est probable que dans l’histoire de la marque d’Arese, la 156 sera considérée comme étant un modèle clef. C’est en effet la 156 qui va permettre à Alfa Romeo de sortir du purgatoire et même d'accéder à un renouveau qui va positionner la marque milanaise aux avants-postes du défit automobile de cette fin de millénaire. En effet, après être passé entièrement sous le contrôle du groupe FIAT en 1986, Alfa Romeo a vu son autonomie réduite, allant de paire avec l’obligation de puiser ses organes mécaniques et ses plates-formes au sein la famille FIAT. Si d’un point de vue strictement commercial cette fusion était salutaire pour Alfa Romeo, cet englobement posait un acte important pour le petit fabriquant italien puisqu’il impliquait un changement radical dans la conception de ses automobiles: les « propulsions » Alfa Romeo allaient disparaître, et avec elles, le caractère sportif associé à ce type d’architecture mécanique…. Seul le « cuore » sportif pourrait donc dorénavant (partiellement) s’exprimer, mais dans des châssis d’origine FIAT. L’Alfa Romeo 75 est donc la dernière Alfa à bénéficier de la propulsion (pour certains c’est d’ailleurs la dernière « vraie » Alfa). Sa remplaçante, la 155 étant basée sur un châssis de Fiat Tempra. Si le modèle a connu un certain succès aux mains de pilotes comme Larini (champion d’Italie en 1992 en Supertouring, champion DTM en 1993), Nannini ou encore Tarquini dans de nombreuses courses, les ventes n’ont jamais vraiment décollé, le style de la voiture étant jugé trop fade, trop proche de son modèle dérivé de chez Fiat. La gamme complète souffrait alors d’un affadissement global (esthétique, motorisation, comportement routier…), associé à une baisse non négligeable de la fiabilité. Les alfistes commençaient à s’éloigner vers les horizons de la concurrence.
 
    Alors que tout le monde croyait Alfa Romeo au bord d’un gouffre sans fond (avec pour voisin direct Lancia), voilà que la remplaçante de la 155 est présentée en septembre 1997. Elle s’appelle, en toute logique, « 156 »  mais toute autre filiation avec la 155 s’arrête là car la dernière-née revendique une très forte personnalité, typiquement Alfa!

    La raison d’être d’Alfa Romeo, en terme d’image de marque, a toujours été la compétition automobile. Que ce soit en F1, en sport-prototype, en tourisme ou encore en rallye. Les exploits légendaires ainsi que les histoires des hommes et des voitures se conjuguant toujours avec la recherche et l’expérimentation. Autrefois, sportivité rimait avec exploits, héroïsme, sensations extrêmes… Sportivité étant également synonyme d’envie de triompher et ce vécu a toujours imprégné l’histoire d’Alfa Romeo à travers des pilotes de légende comme Fangio, Nuvolari et Ascari. Mais, pour alfa Romeo, la sportivité est indissociable de la recherche en matière de design. Cette conjonction de la sportivité et du design a produit les lignes merveilleuses de « voitures de sport » telles que la 6C2500 Super Sport, la Villa d’Este, la Freccia d’Oro, la 8C2900 Lungo, les Disco Volante, la tipo 33 ou encore, la Montreal. Les plus grands carrossiers italiens (il faudrait d’ailleurs les appeler « couturiers automobiles » !) ont toujours été associés à ces succès : Touring, Pininfarina, Bertone, Zagato, Giugiaro…

    Il est probable que la plupart de ceux qui roulent en Alfa Romeo ne s’intéressent pas au fait qu’ils conduisent une voiture qui est le fruit de cette histoire automobile emprunte de cet engagement dans la recherche du sport et du design. Ils se contentent des qualités et du tempérament de leur voiture. Mais ces qualités et ce tempérament proviennent justement de cette histoire d’hommes et d’automobiles. Le rappel du passé glorieux de la marque a donc accompagné l’apparition de la 156 et les designers du Centro Stile d’Alfa ne se sont pas privé de puiser dans l’histoire Alfa Romeo pour réactualiser des éléments de style typiquement Alfa. C’est ainsi que bien qu’étant une berline, avec les avantages que procurent 4 portes, l’aspect de la 156 évoque celui d’un coupé, cela par le fait que les poignées des portes arrières sont dissimulées dans les montants de portes. Cet aspect de coupé procure une silhouette des plus dynamiques, avec une allure imposante soulignée par des ailes prononcées, pour suggérer la puissance d’une voiture collée à la route. La calandre reprend bien évidemment le triangle Alfa sur pointe, mais l’importance de celui-ci est exacerbée. En fait cette calandre n’est pas un simple élément esthétique, elle est carrément à l’origine du design de l’ensemble de la voiture ! En effet, d’une part le pare-choc avant est comme marqué par l’emprunte de la pointe du triangle Alfa, si profondément que la plaque minéralogique ne pouvait plus prendre sa place habituelle ! Qu’importe, celle-ci a été déplacée sur le côté gauche du pare-choc. D’autre part, l’écusson Alfa Romeo domine la partie avant de la 156. C’est de cet écusson que naît la nervure en V du capot, qui raccorde harmonieusement la partie avant au pavillon et à l’arrière. La présence de petites fentes (prises d’air) tout autour du triangle Alfa est une autre référence aux glorieux ancêtres la maison, comme la fameuses 6C 2300 dont le radiateur (bien au centre de la calandre) était entouré par le même type de fentes. Les groupes optiques, la plaque latérale et les feux arrières en forme de cabochon sont autant d’exemples du mariage réussit entre la forme et la fonction.

156profil

face avant

Agressif, n'est-il pas?

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    Si la 156 retrouve un style bien marqué, certains diront « osé », mais finalement tout à fait dans la lignée des « grandes » productions de la maison d’Arese, ce modèle devait également réinventer le concept de sportivité en associant la force du design à l’évolution technologique. Les critères de base sont précis : traction avant, des moteurs puissants et souples, une nouvelle génération de motorisation diesel, des suspensions d’avant-garde et le respect rigoureux des standards les plus élevés en termes de sécurité active et passive. L’utilisation de matériaux légers (magnésium et alliages d’aluminium), typiques des voitures de sport, à permis d’optimiser le rapport poids/puissance. On retrouve donc ces matériaux dans divers éléments de la suspension (partie de bras, fourche, ancrage…), dans la structure porteuse des sièges, dans la structure protectrice de la planche de bord et du volant. Les trains roulants de la 156 sont particulièrement évolués. La suspension avant est de type « en quadrilatère » du fait que les bras de suspension dessinent une figure géométrique à quatre côtés en se rejoignant aux roues. Ce système est une évolution directe de la configuration des suspensions des voitures de compétition. La géométrie des roues est parfaitement contrôlable dans toutes les circonstances. Le système permet de maintenir les pneumatiques toujours perpendiculaires à la route, ce qui assure une adhérence optimale et se traduit par une grande maniabilité de la voiture. Les suspensions arrières sont de type Mc Pherson, modifié pour harmoniser l’assiette et l’adhérence du train arrière avec les qualités et les performances du train avant. Cette géométrie procure un effet autodirecteur qui profite directement à la stabilité et au contrôle de la voiture (surtout en cas de manœuvres extrêmes). Ces trains roulants sophistiqués participent donc au comportement dynamique de la voiture, procurant de la sorte un grand plaisir de conduite.

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La suspension avant de la 156

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    Le système de freinage est à la hauteur des prétentions sportives de la voiture : ABS Bosch 5.3, avec centrale à 8 électrovalves, accouplé à l’Electronic Brake Distributor (EBD) qui permet de corriger la répartition du freinage selon les besoins (double circuit croisé). Les capteurs de l’ABS traitent directement la vitesse des roues de la voiture, d’où une intervention plus rapide et la possibilité d’agir même à des vitesses proches de zéro km/h.

    La partie moteur n’est pas non plus en reste mais contrairement à ce que pouvait espérer les alfistes, ce n’est pas du tout au niveau des moteurs à essence (ceux-ci étant repris pratiquement tels quels de la 155) que les nouveautés vont apparaître mais bien au niveau du moteur à combustion spontanée ! Sacrilège diront certains…mais, le marché des années 90 est caractérisé par un développement fulgurant des motorisations diesels et le groupe VW se taille une part très importante du marché dans pratiquement tous les segments. Ignorer les motorisations diesels, c’est mourir à relativement court terme et cela Alfa Romeo en est bien conscient. Et, tant qu’à renaître de ses cendres, autant le faire en mettant un atout technologique en avant ! Une innovation majeure va donc voir le jour dans le monde du diesel, et ce sera sur la 156 qu’elle sera en premier diffusée. Il s’agit de l’utilisation du système Unijet (d’où la dénomination JTD), en lieu et place des traditionnelles pompes rotatives d’injection. Ce système a été mis au point par le groupe FIAT et industrialisé par le l’équipementier Bosch. Cette solution technique permet d’appliquer aux moteurs diesels le principe de l’injection à commande entièrement électronique. La pompe et les injecteurs mécaniques ont été remplacés par un circuit haute pression (plus souvent appelé « common rail »), muni d’une série de gicleurs électromagnétiques pilotés par la centrale électronique. Le moteur turbo-diesel devient donc plus compétitif par rapport au moteur à essence de même puissance, en augmentant à la fois ses performances, la rapidité de réponse à tous les régimes et en diminuant sa consommation. Deux JTD sont proposés d’emblée : un 1.9 L (4 cylindres, 105 ch-CEE à 4000 tpm et un couple de 26 mkg à 2000 tpm) et un 2.4 L (5 cylindres proposant 136 ch-CEE à 4200 tpm et un couple de 31, mkg à 2000 tpm).

diesel

Le système Unijet, en première mondiale

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    Ce n’est certes pas ce que les alfistes, les « vrais », ceux qui ne jurent que par la propulsion et les doubles arbres à cames qui aiment prendre 6500 tpm, espéraient comme innovation mécanique … mais la survie de la marque ne pouvait se faire qu’en s’adaptant aux exigences du marché…

    Les motorisations à essence sont basées essentiellement sur les « Twin Spark », en 3 cylindrées : 1.6 L, 1.8 L et 2.0 L. Il s’agit de moteurs avec deux arbres à cames en tête, quatre soupapes par cylindre, double allumage (permet de réduire la consommation et donc les émises gazeuses), calage variable (plus grande souplesse), pressoirs hydrauliques, huit contrepoids et damper de torsion sur le vilebrequin (pour assurer un fonctionnement plus silencieux). Ces moteurs sont donc plus brillants, plus souples, surtout à bas régimes, tout en permettant des performances de haut niveau. Au sommet de la gamme trône la 156 V6 (essence bien entendu), équipée du 2.5 L qui n’a cessé d’évoluer depuis son apparition dans l’Alfa 6 puis dans la GTV6. L’architecture est toujours la même : 6 cylindres en V à 60°, mais ce « vieux » moteur a une nouvelle fois été remis au goût du jour. Il bénéficie désormais de 4 soupapes par cylindre, d’un taux de compression de 10,3 :1 et délivre la puissance de 190 ch-CEE à 6300 tpm, avec un couple de 22,6 mkg à 5000 tpm . Il lui manque cependant toujours le calage variable…. mais qu’importe, les performances sont au rendez-vous : 230 km/h en vitesse de pointe, le 0 à 100 km/h étant parcouru en 7,3 secondes et le kilomètre départ arrêté étant parcouru en 27,8 secondes. La V6 bénéficie d’origine d’un équipement très complet et d’une monte pneumatique en 205/60 WR 15 au lieu des 185/65 HR 15 disponibles avec les autres motorisations.

    La 156 renoue donc avec la grande tradition Alfa, celle qui est emprunte d’un style novateur, avec un cocktail de nouveautés mécaniques et de références stylistiques au passé sportif de la marque. A l’intérieur aussi on retrouve une ambiance typiquement Alfa, avec un tableau de bord entièrement dédié au conducteur : l’habitacle est construit à partir de poste de conduite. Juste derrière le volant, on trouve deux compteurs : à droite, le compte-tours et, à gauche, le tachymètre. Ces compteurs sont tout à fait séparés l’un de l’autre, chacun étant lové profondément dans son emplacement en forme de buselure, bien à l’abri des regards indiscrets du passager ! La jauge de carburant, la montre à aiguilles et le thermomètre de température d’eau sont rejetés en groupe au sommet de la console centrale. Leurs petits cadrans sont également cachés au fond d’une petite cavité arrondie. Le tout étant à nouveau orienté exclusivement vers le conducteur !

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Les compteurs, orientés pour le conducteur...

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    Mais, pour Alfa Romeo, sportivité doit aussi rimer avec confort … et une certaine « luxe ». Le réglage axial et angulaire du volant, conjugué avec la course réglable du siège du conducteur (aussi réglable en hauteur), procure une position de conduite optimale. A cela s’ajoute le réglage lombaire sur les finitions haut de gamme. L’objectif annoncé d’Alfa Romeo était de privilégier le confort et la sécurité La sensation de robustesse du volant et de la planche de bord participe à ce sentiment sécuritaire. Mais la sécurité c’est aussi une affaire d’ergonomie et de confort ! Un grand diffuseur central permet de moduler le flux vers les places avants. La disposition judicieuse des ouies de ventilation assure une aération à la fois puissante et naturelle. Un climatiseur automatique est de série sur la 2. V6 24 V, avec fonction de recyclage de l’air.

interieur

Luxe, classe et sportivité...

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    Un kit carrosserie "sport" sera disponible dès le début, comprenant des pare-chocs spécifiques, des extensions de bas de caisse, un petit becquet, des jantes à bâtons.... à y regarder de plus, on peut voir en ce kit une esquisse de ce que sera la future version ultra-sportive de la gamme, la GTA.

kit


    Finalement, la 156 permet à alfa Romeo de se remettre en phase avec la philosophie qui a toujours été (enfin, presque toujours….) la sienne :

PRIVILEGIER LES SENSATIONS DU CONDUCTEUR   

Et c'est ainsi que la 156 a été élue "voiture de l'année 1998"...
voiture annee 98


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I.2 G-T-A : trois lettres qui signent une légende

    Dans l’appellation « 156 GTA », il y a la partie « 156 », décrite ci-dessus, mais aussi la partie « GTA ». Et ces trois lettres là, GTA, sont mythique! Elles résonnent en effet dans la tête et le cœur des alfistes comme la walkyrie dans une église baroque ! Le slogan " Une victoire par jour au volant de votre voiture de tous les jours" fut inventé pour les Alfa Romeo GTA, et Dieu si elles en ont gagné des victoires!


1600 gta

La 1600 GTA

giulia gta

La 1300 GTA

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    Le but avoué par Alfa Romeo était donc très clair : offrir une voiture ultra-performante, à partir d’une base existante. Cette voiture performante et fiable devait pouvoir courir des rallyes le week-end et promener la (petite !) famille la semaine. Le choix s’est porté sur la Giulia Coupe (dessinée par Bertone). Extérieurement, la GTA ne se distingue du Coupé GT que par l'apparition du fameux trèfle à quatre feuilles, emblème de course d'Alfa Romeo. La Giulia Sprint GTA possède également un moteur de 1570 cc mais qui délivre 115 cv DIN à 6000 tpm (au lieu de 106 cv DIN à 600 tpm pour celui de la GT), ce qui lui confère des reprises exceptionnelles et une vitesse de pointe de plus de 180 km/h.

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Le 1300 cc de 96 CV de la "petite" GTA

 

    Tout en conservant la forme extérieure de la Giulia Sprint GT, la GTA (Gran Turismo Alleggerita) bénéficie donc d'allègements importants (745 kg au lieu de 950 kg pour la GT!), réalisés grâce aux recours à des techniques de fabrication particulières (utilisation de Peralunam 25 pour la carrosserie). Mécaniquement parlant, les innovations les plus importantes concernent le double allumage, le nouveau système d'alimentation réalisé grâce à l'utilisation de carburateurs de plus grands diamètres, les conduits d'alimentation et les collecteurs d'échappement d'un dessin nouveau, la culasse bénéficiant aussi d'un dessin nouveau adapté au double allumage et aux soupapes d'échappement au sodium de grandes sections. Par ailleurs la voiture bénéficait d'une boite à cinq rapports et pouvait recevoir, en option, un radiateur d'huile. Les roues en alliage léger de magnésium d'une section plus large et d'un diamètre inférieur bénéficiaient de pneumatiques de 14 pouces à section large (165 x 14 au lieu de 155 x 15 dans la GT). Etant donné la légèreté de la voiture, la commande de frein se passe de servo-mécanisme, laissant plus de sensibilité à la pédale.

  Cette base devait permettre aux motoristes de Autodelta de pousser largement plus la puissance du moteur en vue de parcipations à la compétition. De fait, en configuration course le 1.6 L  atteignait des puissances de l'orde 165-170 cv DIN.

  Dès ses débuts, la Giulia Sprint collectionne les victoires. Alfa Romeo remporte le Championnat d'Europe en 1966, 1967 et 1968. Un moteur dérivé de la 1750 sera ensuite monté sur ce modèle, et porté à 2 litres de cylindrée avec injection et double allumage. La voiture s'appelle GTAm, affiche près de 220 ch et peut atteindre les 240 km/h.

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Le tableau de bord de la 1300 GTA


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I.3. La 155 GTA... machine de course

  Entre la Giulia GTA des années 60 et la 156 GTA, une autre Alfa née GTA a fait une apparition furtive, en 1992, mais Ô combien efficace puisqu’elle a remporté 17 des 20 courses auxquelles elle participa !  La 155 GTA a été conçue pour courir sur circuit et a donc occupé tout le devant de la scène du championnat italien pour voiture de tourisme durant l’année 1992 grâce à Nicolas Larini (champion d’Italie avec cette voiture) et Alessandro Nannini. Contrairement à la Giulia GTA qui était un modèle « route » dont des versions « circuits »  ont été dérivées, la 155 GTA est une version qui n’a connu aucune version « route ». Dans ce sens, on pourrait dire qu’elle est plus proche d’un prototype que d’une voiture de tourisme améliorée.

  Cependant, la base de cette version très exclusive est bien une voiture de grande série. Il s’agit, comme son nom l’indique, de l’Alfa Romeo 155 et plus précisément la version Q4. Cette version particulière de la 155 est équipée d’une transmission intégrale et d’un moteur turbo-compressé, ces deux technologies étant directement empruntées à la cousine Lancia Delta Integrale… belle référence sportive s’il en est ! La 155 GTA est donc une "4 roues motrices" mue par un moteur turbo... autre temps, autres moeurs...

155 gta

 

  Comme la règlementation le permettait en 1992, la 155 GTA a donc conservé la transmission intégrale ainsi que le moteur turbo-compressé de la 155 Q4, en adaptant bien évidemment chacune de ces technologies aux exigences de la compétition sur circuit. Le quatre cylindres à 16 soupapes de 1995 cc préparé par Alfa Corse propose une puissance  de 400 chevaux à 6000 t/mn avec un couple de 51 mkg à 450 t/mn. Pour arriver à chiffres, les bielles et les pistons sont spécifiques à cette version et la gestion électronique IAW-Weber a été adaptée. La transmission reste proche de celle de la Q4 avec quelques adaptations : disparition du Torsen arrière, montage de 2 différentiels ZF (avant 40% et arrière 70%) et le recours à un arbre de transmission renforcé, en titane.

  La 155 GTA ( pdf 931 KB) est bien une version « Allégée » puisqu’elle a vu disparaître tout ce qui compose normalement l’intérieur d’une 155, y compris la planche de bord ! Le pilote se trouve en effet face à une plaque en carbone avec pour seule indication un compte-tours numérique. Plusieurs pièces de carrosserie, le capot moteur, sont en carbone. Le résultat de cette cure d’amaigrissement donne une masse de 1050 kg au lieu des 1465 kg de la 155 Q4. Mais, à cause du principe de la règlementation qui dit « plus on gagne, plus on alourdit… », la 155 GTA a vu progressivement passer, par l’ajout de lest, sa masse à plus de 1200 kg après les victoires successives. Ceci à fait passer le rapport poids/puissance de 2,62 à plus de 3 mais finalement cette GTA mérite malgré son appellation d’Allégée !

  Cette bête de course n'a été construite qu'en 8 exemplaires....

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I.4. La 156 GTA... l'héritière d'une légende

    Alfa Romeo se portant relativement bien, des budgets ont pu être dégagés pour concevoir une 156 plus exclusive que la 156 2.5 V6 24V, un porte-drapeau sportif pas forcément rentable financièrement mais qui du point de vue de l'image de marque devait être marquant. C'est dans ce contexte qu'est née l'idée de ressusciter l'appelation GTA et de l'associer à la 156... la 156 GTA prenait forme...

    Alfa Romeo insiste beaucoup dans toutes ses publications (catalogues, revues, press release...) sur le parallélisme entre la GTA de 1965 et la nouvelle GTA. Le but d'Alfa Romeo étant à nouveau de réaliser une voiture adaptée à l'utilisation quotidienne, mais qui, placée dans les conditions appropriées, assure au client les performances, le comportement et les sensations de conduite d'une voiture destinée aux circuits. Pour atteindre cet objectif, aucune limite n'a été imposée aux concepteurs! Ces derniers sont donc partis de la base, déjà excellente de la 156, pour y apporter des modifications importantes surtout en ce qui concerne les éléments qui exercent une influence directe sur la dynamique de la voiture.


   L’élément primordial pour obtenir un accroissement sensible des qualités dynamiques bien réelles de la 156 « de base », c’est le moteur. Ce moteur, les ingénieurs sont allez le chercher dans le 3.0 V6 (ouvert à 60°) des GTV et autres 166, pour le retravailler en profondeur. C’est ainsi que les pistons et le vilebrequin ont été modifiés afin de porter la cylindrée à 3.2 L par allongement de la course de 72,6 mm à 78 mm. L’augmentation de cylindrée par allongement de la course a pour but, non seulement d’augmenter la puissance, mais surtout de favoriser une montée en puissance régulière dès les plus basses rotations. De fait, une des qualités marquantes de ce moteur est de faire preuve d’une disponibilité étonnante et d’une très grande souplesse, lui permettant de la sorte de reprendre avec vigueur dès 2000 tpm et en 6ième , pour grimper dans les tours sans jamais s’essouffler jusqu’au rupteur à 7200 tpm !

 

moteur

3,2 litres, V6, 250 CV (184 KW)... aaaah ces pipes chromées!

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    Les autres modifications apportées concernent les conduits d’admission et d’échappement qui ont été reconfigurés, le logiciel de la centrale de contrôle qui a été reprogrammé et le système de refroidissement comprenant un radiateur d’huile, qui a été renforcé. En fait, il s’agit toujours du même bloc que celui de la GTV6 (1981-1986) qui a été sans cesse remis sur le métier pendant près de 25 ans ! Si le bloc et ses composantes ont beaucoup évolué en 25 ans, il manque cependant toujours un brin de modernité à ce moteur : on ne trouve en effet pas de calage d’admission et il ne possède pas non le double allumage (système Twin Spark) à l’opposé de ses congénères de plus petite cylindrée. Il n’empêche qu’avec ses 4 arbres à cames et ses 24 soupapes, ce moteur fait l’unanimité dans le monde journalistique qui le considère comme un véritable bijou. La musicalité extraite de ce bel organe (les pipes d’admission chromées sont de toute beauté !) n’a pas son pareil dans la production automobile actuelle dans les 6 cylindres, qu’ils soient en V ou en ligne.

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    Le résultat de ces modifications ? Et bien cela donne 250 CV (typés pur-sangs !) à 6200 tpm avec un couple de 300 Nm (soit 30.6 kgm) à 4800 tpm. Ce qui ne confère pas à ce moteur un record de puissance spécifique au litre mais qui lui permet malgré tout d’obtenir des performances « intéressantes », cependant tout à fait compatible avec une utilisation quotidienne. Et finalement c’était bien là le but à atteindre : proposer des sensations uniques, que seule une voiture de sport peut donner, tout en étant parfaitement exploitable tous les jours ! En chiffres, cela donne, d’après l’usine : 250 km/h en vitesse de pointe, le 0 à 100 km/h étant atteint en 6,3 secondes, les 1000 mètres départ arrêté étant couverts en 25,9 secondes. Le Moniteur Automobile (N°1261, avril 2002) donne les mesures suivantes : 237 km/h en pointe, le 0-100 km/h en 7 secondes et les 1000 mètres départ arrêté en 26,4 secondes (400 m en 14,9 secondes)… soit les temps d’une Subaru WRX STI de 265 CV… et 4 roues motrices ! On a trouvé pire comme référence !
   
    Si l’agrément dynamique majeur provient du moteur, encore faut-il qu’il puisse s’exprimer au travers à la fois de la transmission et du châssis. Côté transmission, on trouve soit la boite manuelle à 6 vitesses, soit la boite séquentielle. La boite manuelle est reprise pratiquement telle quelle du GTV 3.0 24V, avec toutefois un rapport de pont spécifique, un peu plus court. Hormis la 1ière que certains essayeurs trouvent trop courte, l’étagement de cette boite ne souffre aucune critique. La commande est précise, les passages assez rapides même si certains auraient encore souhaités plus rapide ! La boite dite Selespeed correspond en fait à la version robotisée de la boite à 6 vitesses. La boite Selespeed a souffert de dysfonctionnements chroniques et peu de journalistes ont présentés des tests de 156 GTA équipées de cette boite.

  Dans une voiture sportive, on est également en droit d’attendre une direction directe associée à un freinage à la fois puissant et endurant. Côté direction, la 156 GTA présente un rapport de démultiplication de 11,3 (ce qui signifie que 11,3° de rotation du volant correspondent à 1° de rotation des roues) ce qui donne une valeur de 1,75 pour le nombre de tour de volant à donner pour passer d’un côté à l’autre….valeur plutôt rare ! Côté freinage, les premières 156 GTA étaient équipées de freins ventilés d’origine Brembo à 4 pistons et d’un diamètre de 305 mm à l’avant et de 276 mm à l’arrière. De nombreux utilisateurs de 156 GTA se sont rapidement retrouvés avec les disques voilés… et Alfa d’être obligé de demander à Brembo de revoir sa copie. Ceci n’a pas fait l’objet d’une campagne de rappel mais les propriétaires de GTA ayant eu ce problème (idem pour les 147 GTA) ont pu bénéficier sans frais du système monté d’office sur les GTA de 2004, à savoir des disques de 330 mm à l’avant, ce qui impliquait également de nouvelles jantes à déport plus important ! Dans la plupart des essais réalisés avec des 156 GTA de 2002, la plupart des essayeurs se plaignent d’un manque de progressivité mais surtout d’une résistance assez faible lors de tests d’endurance, le tout accompagné d’une attaque insuffisamment franche à la pédale ! Le point faible de la 156 GTA est donc bien le système de freinage, même dans sa version améliorée avec passage des disques en 330 mm de diamètre. Ceci dit, c’est vraiment en utilisation sportive, sur circuit, que l’on découvre ce manque de puissance… en utilisation sportive mais sur routes ouvertes  c’est le manque de « grip » qui est le plus déconcertant, mais on finit par s’habituer. Outre le classqiue ABS et EBD, le système de freinage des premières 156 GTA étaient complétés d’un ASR, se chargeant, quelle que soit la vitesse, d’optimiser la traction en agissant sur les freins et le controle moteur. L’ASR est déconnectable via un bouton poussoir situé près du changement de vitesse. A partir d’avril 2004, les 156 GTA étaient livrées d’origine avec le VDC (l’ESP sauce milanaise !).

 

freins

Les beaux étriers Brembo rouges... ici en 330 mm

et les Pirelli P Zero Rosso

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    Côté châssis, le déjà très bon châssis de la 156 a été revu pour répondre aux prétentions sportives de la version GTA. Les modifications ne sont toutefois pas importantes et correspondent des modifications « classiques » dans une opération de rigidification : ancrages à la coque renforcés, traverse inférieure plus épaisse, assiette abaissée, barres antiroulis de diamètre supérieur, ressorts et amortisseurs avec tarage spécifiques, typés « sport », roues de plus grand diamètre (17 pouces) avec pneus de taille majorée (225/45/17 en indice Z, d’origine souvent des Pirelli P Zero Rosso). A faible allure la 156 GTA présente une suspension assez dure et avec l’augmentation du rythme, l’amortissement se révèle être efficace… mais pas au niveau de l’efficacité de celui d’une Subaru STI par exemple !

    Les dessous de la robe viennent d’être évoqués, mais qu’en est-il du style ?  Le style chez Alfa, n’est pas un vain mot, c’est même plutôt un leitmotif ! Et là, c’est sûr les Italiens ont une longueur d’avance sur certains firmes japonaises (par exemple Subaru  avec sa STI !). Si elle voulait rester fidèle à sa propre tradition, Alfa se devait donc de réussir l’association d’une mécanique enjouée avec un style capable d’évoquer en quelques touches spécifiques, à la fois la force, la sportivité, tout en ne dénaturant pas la ligne d’origine de la 156. Pour ce faire la 156 GTA bénéficie d’ailes avants et arrières élargies qui en association avec une suspension plus basse et des jantes de plus grandes dimensions, confèrent, lorsqu’on la regarde de loin, un aspect de fauve près à bondir sur sa proie. Cette impression est renforcée par la présence d’un couvre-longeron imposant, permettant de lier, esthétiquement-parlant, les ailes avants et arrières. En outre, dans le pare-choc arrière, un « extracteur » a été aménagé, permettant d’extraire le flux d’air provenant de la partie avant de la voiture, ce qui permet de plaquer l’arrière de la voiture au sol à grande vitesse Le pare-choc avant a lui aussi été réaménagé. C’est ainsi que les feux antibrouillards ont été déplacés le plus loin possible vers l’extérieur. Ceci libère de l’espace pour laisser renter plus d’air dans le compartiment moteur. Les optiques, au xénon en option, possède un fond noir, ce qui contribue à renforcer l’aspect agressif de la face avant. La 156 GTA est apparue au moment du premier lifting de la gamme 156, lifting concernant essentiellement l’intérieur de la voiture (réaménagement de la console centrale avec apparition de l’écran de l’ordinateur de bord au sommet de celle-ci), mais elle poursuivi sa courte existence sans subir les modifications esthétiques importantes du 2ième lifting de la gamme 156. Ce lifting concernant cette fois-ci surtout l’extérieur de la voiture, avec une calandre inspirée directement de celle de la nouvelle GT. Extérieurement la 156 GTA n’a donc existé qu’avec la calandre de la phase I de la 156… et personnellement je trouve que ce n’est pas plus mal ainsi !

face avant

Une face avant de 156 phase I, des ailes élargies, des phares au xénon...

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    L’intérieur a également été réaménagé pour se différencier de celui des autres 156. En fait, c’est surtout au niveau de la sellerie que les différences sont les plus importantes. En effet, les 156 GTA bénéficient d’office d’un intérieur avec sièges baquets en cuir bi-ton (toujours les bords en noir et le centre de l’assise et du dossier soit en noir, en bleu ou en-beige). Les contre-portes étant de la couleur du centre du siège (noir, bleu ou beige). Cette sellerie exclusive, volontairement un peu «rétro », n’est pas sans rappeler celle des Lamborghini Miura, avec appui-têtes incorporés et les stries horizontales (également bi-ton). L’assise est réglable en hauteur et électriquement et est également chauffante. Les grands formats ou ceux qui ont un bassin large seront moins à l’aise que … moi, par exemple ! Pour le reste, l’intérieur n’est pas très différent de celui des autres 156. Le compteur à fond noir (pas toujours facile de discerner l’aiguille sur ce fond !) est gradué jusque 300 km/h, une indication de la température (graphique par pallier) d’huile est disponible sur l’ordinateur de bord, le volant gainé de cuir présente une jante un peu différente de celles des autres versions, le pommeau de changement vitesse est spécifique (boule en cuir cerclée d’alu)… l’airco conditionné à régulation bizone est présent d’office et un ensemble pédaliers avec repose-pied en alu fait son apparition.

 

interieur

Les baquets, façon "Miura"...

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    Evidemment tout ce luxe, tous ces accessoires livrés d’origine sont en contradiction directe avec la traduction du sigle de la voiture, "GTA", avec le "A" signifiant Allegerita… on serait plutôt tenté de dire « Allourdie ». Mais bon, la nouvelle GTA, tout en voulant rester malgré tout sportive, elle voulait également devenir bourgeoise et cela n’est pas compatible avec un minimum d’équipements de luxe. Cette nouvelle GTA a le mérite de se situer entre la vision de deux types d’extrémistes : d’une part ceux qui auraient voulu une GTA avec 300 CV et 4 roues motrices et, d’autre part, ceux qui auraient voulu une GTA dépouillée, allégée, à l’équipement réduit… on ne peut satisfaire tout le monde ! Quoi qu’il en soit et malgré d’indégniables défauts (freinage…) la 156 GTA signe le retour d’Alfa aux avants-postes de la création automobile sportive et dans cette perspective on peut effectivement parler de résurrection, du retour de la légende !


    Quand l'ancienne rencontre la nouvelle...

gta




Fiabilité : les rappels


- entre février et juillet 2002 : risque de fuite de carburant provoquée par un collier de serrage mal positionné et mal serré entre le tube d’alimentation et la rampe d’injecteurs.
- entre novembre 2002 et janvier 2003 : risque de desserrage des renforts de suspension avant.


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